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Histoire du mois : L’écheveau de laine

C’était fête à la cour du roi Henri IV, pour célébrer son arrivée en sa bonne ville de Pau. L’entrée du château bruissait d’une animation joyeuse. Le roi recevait dans le grand salon les cadeaux que lui apportaient ses vassaux en signe d’allégeance et de bienvenue. Ce n’étaient que des coupes d’argent et armes ciselées, aiguières d’or et brocarts finement tissés.

Le cortège des donateurs arrivait à sa fin lorsqu’on voit apparaître, claudiquant et appuyée sur sa canne, une vieille paysanne en sabots descendue de sa montagne béarnaise. Elle sort de son cabas un paquet soigneusement enveloppés d’un linge. Bousculade dans les rangs des courtisans goguenards cherchant à deviner quel cadeau une si pauvre femme pouvait bien apporter au roi ! Et un immense éclat de rire lorsqu’elle sort et dépose au pied de celui-ci un écheveau de laine blanche recueillie sur le dos de ses deux moutons – toute sa fortune – et filée de ses mains au long des soirées d’hiver. Sans un mot, Henri IV s’incline dignement puis donne le signal des réjouissances tandis que la vieille béarnaise traverse à nouveau les rangs des courtisans qui la toisent de toute la hauteur de leur mépris moqueur.

Elle reprend la route, une longue route, de nuit, pour retrouver sa cabane plantée dans les collines sur les terres royales où l’on a toléré jusqu’ici sa présence…

Mais lorsqu’elle débouche en vue de sa maisonnette, elle s’arrête saisie de panique. Celle-ci est entourée de soldats en train d’enfoncer des piquets de clôture tout autour de la pauvre habitation et d’y accrocher son écheveau de laine. « Mon Dieu ! pense-t-elle, le cœur serré. Le roi a dû penser que je voulais me moquer de lui avec mon cadeau… Les gardes viennent m’arrêter et me mettre en prison… ».

Lorsqu'elle s’avance, le sergent de la maréchaussée s’incline courtoisement devant elle : « Madame, de par ordre de notre bon roi Henri, toute la terre qui est entourée par votre fil de laine vous appartient désormais. Avec les remerciements et hommages de notre roi. »

Le périmètre de sa nouvelle propriété correspond exactement à la longueur de son écheveau ! Elle a reçu à l’exacte mesure où elle a donné.

Conte du Béarn

Tiré du livre "Paraboles de bonheur", Jean Vernette & Claire Moncelon, Bayard Editions, 1996

 

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